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Presseretour

Le fil à formes, les formes en fil

Le fil à formes, les formes en fil Le regard s’arrête, les yeux interrompent un instant leur mouvement puis le reprennent. Sur le mur des formes en fil, des fils en formes : l’espace est là, autrement, l’espace vide, l’espace du vide, le vide de l’espace. De simples fils créent soudain un bloc d’énigme et le silence s’installe. Les mots n’arrivent pas à s’accrocher au fil. Ils s’absentent, laissent la place au corps qui va, vient, revient, cherche à saisir le mouvement, l’invention, découvre le patient travail. Puis le corps s’arrête et contemple. Il a devant lui le reflet de ce vide chaque jour éprouvé, chaque jour oublié. Les formes en fil ne sont pas informes : elles font surgir dans l’espace quotidien le vide intime, le trou qui fait de chaque être un unique dans le monde. Elles touchent à ce que nous ignorons et en même temps savons très bien. La lumière du jour baisse peu à peu. Les ombres se dessinent sur le mur. Soudain, les formes offrent d’autres aspects, les yeux s’étonnent à nouveau. Dans l’espace du monde comme dans l’espace du corps, il y a des ombres. Ombre et lumière cachées, entremêlées. Immobiles, posées là, ces œuvres en fil suspendent nos pas quelques instants. Un léger vertige nous saisit : nos mains ne peuvent enserrer le vide qui nous est montré là, comme un clin d’œil qui nous fait signe. Entre les plis et les replis de chacune de ces formes, il y a de l’air. Sculptures aérées et aériennens, les œuvres légères de Myriam Louvel nous aèrent et nous donnent ce souffle si précieux, si intime, là où nous avons notre place. Elles n’imposent rien, sollicitant simplement notre regard, notre accueil. Leurs traces en nous sont infinies, des traces de joie. Gérard Bailhache, philosophe.